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Patrimoine disparu
Les châteaux forts
Plusieurs châteaux se sont succédés dans la partie du territoire située entre l'Escaut, la rue des Prés et la rue des Fossés, sur le lieu-dit appelé précisément “Le Château”. Ce fut certainement la famille d'ENGHIEN qui éleva le premier château fort digne de ce nom, à la fin du XIIIe siècle. Il se dressait sur le bord de l'Escaut, à l'emplacement d'une antique tour romaine. Rasé suite au siège des Français en 1340, il sera remplacé par un autre édifice dont la construction s'étala de 1368 à 1374. C'était un grand quadrilatère, flanqué de quatre tours circulaires à chaque angle. Il était entouré de toutes parts par un fossé alimenté par les eaux de l'Escaut à l'aide d'une écluse. L'absence d'arbres sur plus de cent mètres et un système d'irrigation qui permettait d'inonder les marais environnants rendaient la position fort défendable et la mettaient à l'abri de toutes surprises. En 1560, on retrouve un nouveau château qui n'a plus rien de commun avec le précédent. Le corps principal était flanqué de deux grosses tours carrées à chaque extrémité. Des dépendances s'étalaient sur deux ailes et une entrée principale, formée par le quadrilatère, donnait sur une cour centrée par un puits ou une fontaine. Ce château devient la résidence principale de la famille de VILLAVICENCIO, derniers seigneurs d'Escaudœuvres, de 1622 à 1793. À la Révolution, il est vendu comme bien national au peintre MARTHO qui y résida et passe ensuite aux mains de Boniface BEAUMONT qui le cède en 1849 à Joseph CORNAILLE. Plusieurs propriétaires se succèdent jusqu'à ce que la Sucrerie Centrale de Cambrai le rachète après la Première Guerre mondiale et décide de le raser en 1929 pour laisser place aux bassins de décantation.
La tour de Relenghes
C'était sans doute l'une des plus intéressantes maisons fortes d'Escaudœuvres. Au début, elle faisait partie de l'ensemble défensif de l'Escaut, gardé par les Romains ou leurs alliés. En 881, les Normands relèvent la tour pour en faire un péage et rançonner les voyageurs et les marchands. L'Escaut devenait navigable à cet endroit et un gué le traversait au pied de la tour. Relenghes, désigné sous les noms d'Herling ou Erling, fut échangé en 1262, avec l'accord de Nicolas de FONTAINE, évêque de Cambrai, contre une maison de la porte du Mal (Notre-Dame). Les nouveaux propriétaires s'apanagèrent de ce nom et il y eut un Gérard de RELENGHES qui faillit devenir évêque de Cambrai en 1292. Le château fut bâti sur une motte de terre, seul vestige de la tour romaine qui garantissait les bâtiments contre les crues quasi-annuelles du marais. À l'ombre des murs de la forteresse, au cours du XIVe siècle, on rendait la justice ou on dressait des tréteaux dans le marais “Tout-y-faut” pour permettre aux Cambrésiens de suivre des tournois flamboyants. En 1340, le manoir tenu par Jean, bâtard du HAINAUT, est investi par les Cambrésiens. Les assiégés réussissent à tenir, mais le gel de la nuit les décide à se sauver après avoir enflammé l'édifice. Les Cambrésiens emmenèrent les pierres pour renforcer leur enceinte. En 1390, les Cambrésiens occupent le château qui venait d'être reconstruit, car on y trouve une prévôté d'archers sous les ordres d'un sergent. Au XVe siècle, le lieu se transforme en héritage et jardin avec prés et pont-levis. Cette propriété fut d'abord à Daniel GODIN, seigneur de Maugimont, puis à Florin PINGRET, enfin à Charles de BONMARCHÉ. La maison fut ruinée lors du siège espagnol de 1595. Par la suite, le terrain est acquis par les Jésuites de Cambrai qui ne tardent pas à faire construire, au début du XVIIIe siècle, une résidence que l'on nommera d'abord la “Maison de Jésuites”, puis le “Bonnet carré” à cause de sa forme qui rappelle, vue de dessus, la barrette d'un curé. Les bâtiments restèrent un temps abandonnés après la Révolution. Le 16 août 1851, le préfet autorise la création d'une fabrique de vernis dans le château des Jésuites. Il avait été acquis en 1841 par Henri GOUSSEAUX, rentier à Cambrai. En 1869, Alphonse BRABANT, manufacturier blanchisseur de Morenchies, possède les lieux, Georges BRABANT-JACOMEL, son héritier, les occupe en 1882. Sa veuve lui succède en 1915. Ce château est finalement acquis par Roland de LA MOTTE SAINT-PIERRE en 1951. Abandonné en 1964, il sera détruit en 1972 après son achat par la Maison Familiale. Aujourd'hui, deux pavillons ont remplacé l'antique demeure.
L'abreuvoir
Il se trouvait à côté du pont des Prés et mesurait, à l'intérieur de ses murs épais d'un mètre, 22 m de long et 7 m de large. Avec sa profondeur maximum de 1.40 m, il servait également de piscine de fortune aux enfants de cette époque. Il existait encore après la dernière guerre.
Les différentes églises
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La tradition veut que toutes les paroisses créées par saint Géry aient pris comme patron saint Pierre. Si l'on se réfère à cela, Escaudœuvres aurait eu sa première église au VIe ou au VIIe siècle. À cette époque, la paroisse faisait partie intégrante de la seigneurie de Ramillies qui, elle-même, dépendait, avec ses fiefs d'Escaudœuvres, d'Eswars et de Morenchies, de l'église Saint-Géry (anciennement Saint-Médard). Par la suite, Morenchies revint à Sainte-Croix et Escaudœuvres fut partagé entre Saint-Géry et Saint-Aubert. Le premier document historique encore existant indique que Lietbert, évêque de Cambrai depuis 1051, en revenant d'un voyage manqué en Palestine, concède à nouveau à l'église Notre-Dame de Cambrai les autels qui lui avaient été usurpés parmi lesquels se trouve celui d'Escaudœuvres. Cet acte de 1057 prouve bien que la paroisse était déjà bien organisée avant cette date. Cette concession sera confirmée par plusieurs Papes, dont Lucius en 1181. Pendant la guerre de Cent Ans, l'église est détruite, tout comme le village et le château. Reconstruite plus tard par la réparation du comte stipulée dans la trêve signée avec l'évêque Guillaume d'AUXONNE, le clocher sera à nouveau démantelé en 1581 par les Français. Sommairement réparé, il sert de magasin à poudre en 1595. À la fin du siège, après la prise de Cambrai par les Espagnols, l'église est irrécupérable. Une gravure de la fin du XVIe siècle nous montre le chœur tourné vers l'est et un clocher de bois pointu, surmonté d'une croix de fer. Le cimetière l'entourait. |
Un nouveau bâtiment, en briques avec des parements de pierres blanches, est reconstruit à partir de 1600 sur l'emplacement de l'ancien édifice. L'intérieur pouvait recevoir environ 200 fidèles et était assez sombre car la lumière filtrait difficilement par les ouvertures étroites. Tout le mur intérieur était recouvert de bois à mi-hauteur qui était sculpté de façon artistique. C'est cette église qui subira les outrages du changement de régime de la fin du XVIIIe siècle. Après avoir servi un temps de tribunal révolutionnaire et de lieu de réunion pour les assemblées municipales, elle est abandonnée pendant plus de 10 ans. C'est après le Concordat qu'on s'aperçoit qu'elle existe toujours et qu'on la répare avant que le clocher ne tombe. Malgré cela, la vétusté de l'édifice et sa capacité d'accueil inadaptée à la population du XIXe siècle entraîne sa destruction en 1858. |
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L'ancienne chapelle
Cette chapelle, ou plutôt chapellerie comme on la désigne dans les textes anciens, se trouvait au sud de la rue de Bouchain. Il se trouve à cet endroit, aujourd'hui un lieu-dit qui perpétue l'oratoire disparu depuis longtemps puisqu'il se nomme toujours “La Chapelle” sur le cadastre. La chapellerie comprenait en tout 18 mencaudées, soit près de 6 hectares, une maison et un jardin qui abritait le chapelain desservant à vie de la chapelle selon les coutumes de l'époque. C'est Ernoul II d'ENGHIEN qui fait édifier cette chapelle consacrée le premier dimanche de mai 1303, à la mémoire de son père et de sa mère qui en avaient exprimés le désir. Son père meurt en 1295, il en respecte le vœu après le décès de sa mère survenu peu de temps avant la construction. À ce jour, il est impossible de déterminer à quel moment elle a disparu.
La maladrerie
Au XIVe siècle est signalée une maladrerie ou maison des lépreux, désignée dans les manuscrits sous le nom de “curtile adherens domui leprosi”.
Le calvaire
Au centre du croisement des rues du 11 Novembre, de Bouchain et Louise MICHEL se trouvait un calvaire qui datait d'avant 1829. Construit en briques, en demi-cercle, il était recouvert d'un dôme en bois sculpté et surmonté d'une croix. Un petit mur flanqué d'une grille refermait le cercle. À l'intérieur, le mur plâtré représentait le ciel et une roche artificielle formait une fausse grotte qui servait d'autel. Sur le rocher se trouvait la croix et le Christ crucifié. Détruit en partie au cours de la Grande Guerre, il fut réparé et le 18 mars 1934 Monseigneur CHOLLET, archevêque de Cambrai, présidait la cérémonie de la restauration qui fut suivie d'un cortège historique et religieux. Il était identique au précédent, sauf le dôme qui avait disparu. En 1962, l'entreprise HERLEM, en expansion, obtient l'autorisation de démolir le calvaire à condition d'en élever un autre. Ce qui fut fait peu de temps après.